LA ROSACÉE
La rosacée est une maladie fréquente :
• Elle atteint environ 10% des populations adultes Nord Européenne et Nord Américaine. Cette prévalence va décroissant à mesure que l’on descend vers le Sud, car la maladie marque une nette prédilection pour les peaux claires.
• Elle motive 2 à 3% des consultations en cabinet de dermatologie. La rosacée débute le plus souvent au cours de la troisième décennie.
La prédominance féminine est nette dans la rosacée. La forme phymateuse (rhinophyma), très rare, est en revanche l’apanage presque exclusif des hommes.
L’origine de la rosacée
De nombreuses hypothèses ont été évoquées pour expliquer les origines de la rosacée. il n’est pas possible d’identifier la cause de la rosacée, et il est probable qu’il s’agit d’une maladie multifactorielle.
Rôle de la vascularisation
La rosacée commence par des “bouffées vasomotrices” induisant une rougeur temporaire ou “rougissement” (le “flush” des auteurs anglo-saxons) qui traduisent l’existence d’une dilatation paroxystique des vaisseaux sanguins de la face. Elle se poursuit par l’apparition de vaisseaux dilatés sur fond de rougeur permanente traduisant la multiplication et la dilatation permanente des vaisseaux.
Demodex folliculorum
Ce parasite (acarien) existant normalement dans les follicules pilo-sébacés humains semble voir son nombre augmenter de manière significative au cours de la rosacée. L’état d’inflammation chronique de la peau favorise la pénétration de ce parasite dans la peau. Il déclenche une réaction immunologique majorant la réaction inflammatoire et pouvant être responsable de l’apparition des boutons à type de papulopustules.
Les facteurs aggravants
Les facteurs alimentaires interviennent dans la rosacée essentiellement comme déclencheurs de bouffées vasomotrices. C’est le cas notamment de l’alcool, des boissons chaudes et des mets épicés.
D’autres facteurs interviennent comme :
• Les expositions solaires : les UV accroissent les altérations des vaisseaux cutanés, les infrarouges augmentent la température cutanée
• Les changements de températures, la chaleur
• Les crèmes à la cortisone
La rosacée a un impact négatif sur la qualité de vie des patients
La rosacée est une maladie chronique de la peau qui a une répercussion sur la qualité de vie aussi importante que d’autre maladie de peau comme le psoriasis voire de maladies comme l’angine de poitrine et l’hypertension. Près de 80% des patients estiment que leur rosacée a des répercussions sur leur vie professionnelle (Ann Dermatol Venereol 2012,139:222-224).
Le préjugé d’alcoolisme est l’idée reçue la plus répandue concernant les patients atteints de rosacée.
Les manifestations de la rosacée
Les signes de la rosacée sont multiples. Chaque patient va présenter un ou plusieurs des signes décrits. L’évolution de la maladie ne se fait pas vers une aggravation obligatoire avec augmentation du nombre de lésions du visage. Lemonaid health
Les rougeurs transitoires (flush)
Les patients ont des poussées soudaines de rougeur du visage et du cou, respectant le pourtour des yeux avec sensation de chaleur. On observe, en général, une zone blanche caractéristique de quelques millimètres autour des yeux et des lèvres. Il peut s’y associer une rougeur des des yeux et un larmoiement. Après les crises, la peau du visage redevient normale. Ces “flushes” sont déclenchés par les changements de température, l’absorption de boissons chaudes ou d’alcool.
Les papulo-pustules (boutons rougeset/ou blancs)
Ce sont les lésions inflammatoires de la rosacée. Sur un fond de rougeur se développent des papules (boutons rouges) et des pustules (boutons blancs) de quelques millimètres de diamètre, sans comédons associés. Ces lésions siègent habituellement sur les pommettes, les joues, le nez plus rarement au front et au menton.
La peau réactive, sensible est une constante chez les patients atteints de rosacée. Les patients ressentent une sensation d’inconfort cutané, de tiraillements, de picotements. La peau va réagir, rougir, lors des changements de température, des soins d’hygiène, des applications de certains cosmétiques. La pratique des gommages, des peelings et de certains soins de la peau déclenchent des rougeurs.
Traitements
Les signes de la rosacée se traitent par différents moyens suivant leur forme. Cependant il s’agit d’une maladie chronique qui va nécessiter un traitement sur le long terme pour maintenir l’amélioration. Le traitement associe souvent au début des soins locaux, des traitements par comprimés et éventuellement du laser pour ensuite s’alléger et se limiter à des soins locaux.
Traitements physiques
Electrocoagulation (EC)
Elle est de moins en moins pratiquée.
LASER
Dans le traitement des télangiectasies et de l’érythrose, 2 types de LASER sont utilisés : le KTP (532nm) et le LASER à colorant pulsé (585 ou 595 nm). Le principe est celui de la photocoagulation sélective : les longueurs d’onde des lasers utilisés sont sélectivement absorbées par le rouge des globules contenus dans les vaisseaux à détruire. L’augmentation brutale de chaleur entraine une destruction sélective des vaisseaux sans altérer la peau saine.
Le KTP est le plus répandu chez les dermatologues. Généralement 1 à 4 séances espacées d’environ 4 semaines sont nécessaires. Il a l’avantage de moins marquer le visage après la séance.
Dans le traitement des phymas, les lasers CO2 (10600 nm) détruisent et coagulent en même temps) remplacent les techniques de chirurgie classique (décortication, dermabrasion), moins rapides et plus hémorragiques.
Les mesures hygièno-diététiques
Elles reposent sur l’éviction des variations brutales et importantes de température, des mets épicés, des boissons alcoolisées. Sucer un glaçon peut interrompre une bouffée vasomotrice.
La toilette sera effectuée avec un nettoyant doux sans savon. Il est important d’appliquer un cosmétique hydratant après la toilette, celui-ci doit avoir une texture fluide, non grasse
Les fonds de teints sont utiles pour dissimuler les rougeurs et les imperfections. Comme pour les crèmes il faut les choisir non gras, de texture fluide. Les fonds de teint de couleur verte peuvent être appliqués avant le fond de teint beige afin de neutraliser les rougeurs.
Traitements par crèmes
Les cosmétiques
Ils ne possèdent aucune action spécifique vasculaire ou anti inflammatoire. Ils sont juste utilisés, comme masquants car ils contiennent souvent des pigments permettant le camouflage. Il faut savoir que le vert (des cosmétiques) est adapté pour masquer le rouge (des vaisseaux dilatés), sa couleur complémentaire. Il est important d’appliquer un cosmétique hydratant après la toilette, celui-ci doit avoir une texture fluide, non grasse et ne pas contenir d’agents irritants comme : la vitamine C, le rétinol, les acides de fruits…
Métronidazole
Le métronidazole topique est le traitement topique le plus ancien de la rosacée.
Il agit essentiellement sur les boutons rouges et/ou blancs.
Acide azélaïque
Elle a une efficacité proche de celle du métronidazole local dans la rosacée, cependant, des problèmes importants de tolérance locale en limitent l’utilisation.
Ivermectine
C’est le dernier né des traitements contre la rosacée. Il possède une double action : anti parasitaire qui détruit le parasite (démodex) et anti inflammatoire qui se traduit par une diminution des boutons et de l’inflammation de la peau.
Traitements oraux
Les antibiotiques
Les cyclines sont le traitement oral de référence de la rosacée papulo-pustuleuse. Le traitement dure plusieurs semaines à plusieurs mois.
Conseils d’hygiène pour ne pas agresser cette peau sensible
• Nettoyer votre visage sans l’agresser avec un nettoyant doux ou un pain sans savon et de l’eau tiède
• Essuyer la peau sans frotter avec une serviette en coton
• Hydrater votre peau avec des crèmes fluides en évitant les crèmes grasses trop occlusives
• Appliquer régulièrement une protection solaire d’indice 30 ou plus, à texture fluide
• Éviter certains cosmétiques irritants pour la peau contenant par exemple de l’alcool ou des acides de fruits
• Ne pas réaliser de gommages, qui pourraient irriter la peau et déclencher des rougeurs.
AUTRES INTERVENTIONS